Lampedusa : L’Otan doit aider les migrants fuyant la Libye

5 08 2011

Des traversées de migrants qui se transforment en voyage de la mort. En cette première semaine du mois d’août, deux drames ont eu lieu. Lundi 1er août, les gardes côtes italiens ont découvert dans la cale d’un bateau secouru, les cadavres de 25 hommes venant de Libye. Toujours en provenance de Libye, 2 bateaux avec à leur bord 500 migrants sont arrivés mercredi à Lampedusa et puis, jeudi 4 août se produit la seconde tragédie. Une jeune femme marocaine placée en soin intensif sur l’île sicilienne a raconté sa traversée en Méditerranée. Selon elle, une centaine de migrants, des femmes essentiellement seraient mortes entre la Libye et l’Italie. Les hommes se trouvant sur l’embarcation auraient jeté leur corps à la mer. Le bateau allait à la dérive depuis près d’une semaine et un navire de l’OTAN aurait refusé de leur porter secours comme le leur ont demandé les autorités italiennes. Ce vendredi, le gouvernement italien et de nombreuses ONG, actives en Italie, réclament une mobilisation de la communauté internationale et notamment des navires de l’Otan pour secourir les migrants qui fuient la Libye.





Rome à l’heure de l’œcuménisme. Chrysostomos II a été reçu par le Pape

29 03 2011

L’entretien privé du Pape avec le Primat de l’Église orthodoxe de Chypre, ce lundi matin, s’est focalisé sur la situation des chrétiens au Moyen Orient. Une rencontre amicale : Benoît XVI a accueilli Chrysostomos II en lui a donnant l’accolade et il l’a invité à déjeuner. La question de la liberté religieuse à Chypre était également au cœur des discussions. Le primat de l’Église orthodoxe de Chypre effectue jusqu’au 30 mars sa deuxième visite au Vatican. Il était déjà venu en juin 2007 et avait lui-même accueilli chaleureusement Benoît XVI en juin dernier à Chypre. A cette occasion, il avait durement condamné l’occupation turque du Nord de l’île.
Sur l’agenda de l’archevêque figurent des rencontres avec le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État, avec le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens, avec le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales, avec le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la Culture et avec le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux. L’archevêque orthodoxe de Chypre sera également reçu par la communauté catholique romaine de Sant’ Egidio. Cette visite sera placée, selon Sant’Egidio, sous le thème de l’œcuménisme, de la communion dans la charité et de la paix en Méditerranée.

En janvier dernier, Chrysostomos II a été reçu au Kremlin par le président Medvedev. Il était accompagné par le Patriarche orthodoxe russe Kirill 1er, qui lui a remis une distinction. Les deux Églises sont très proches et s’efforcent d’élargir leur collaboration, d’autant que de nombreux fidèles russophones vivent à Chypre.





L’Eglise d’Afrique s’adresse au monde

26 10 2009

Kikongo, swahili, yorouba, guèze, mais aussi français, anglais, italien, portugais… et le latin pour l’Évangile. Les langues qui ont résonné ce dimanche dans la basilique Saint-Pierre durant la célébration de clôture du Synode, présidée par le pape entouré de 294 concélébrants, ont été à l’image de ce synode : diverses mais en communion. « Nous nous sommes parlé ! » Au fil des 236 interventions, l’évidence s’est en effet imposée. Une « collégialité affective et effective » a émergé, soulignée par Mgr Edmond Djitangar, évêque de Sarh (Tchad) et l’un des deux secrétaires spéciaux. Et ils en avaient besoin, les évêques d’Afrique, ou plutôt des Afriques. « Confiance ! Lève-toi, continent africain ! » leur a dit Benoît XVI ce dimanche, leur rappelant « la prédilection de Dieu pour ceux qui sont privés de liberté et de paix, pour ceux qui sont violés dans leur dignité de personnes humaines. » C’est bien en souffrant dans leur chair que ces évêques voient des enfants-soldats à qui on donne des kalachnikovs, qu’ils voient leurs diocèses se vider de millions d’émigrants qui vont mourir dans ces cimetières à ciel ouvert que sont devenus la Méditerranée, le Sahara ou la grande forêt du Méditerranée, le Sahara, qu’ils voient une partie des élites africaines participer au pillage de leur pays, qu’ils voient des familles entières décimées par le sida. Tout cela, ils ont pu le partager entre eux et le dire au monde. Car ce Synode a été véritablement universel.  Le Saint-Père, en passe de devenir pour beaucoup un « guide de l’Afrique », a été présent à la plupart des sessions. Le cardinal Péter Erdö, archevêque d’Esztergom-Budapest et président du Conseil des Conférences épiscopales d’Europe (CCEE), a souligné, pour La Croix, plusieurs analogies : « En Hongrie comme en Afrique du Sud, la transition vers la démocratie s’est accompagnée d’une “dictature des libérateurs”. Et les violences du Rwanda reposent sur des fondements assez proches des drames de l’ex-Yougoslavie. »

L’appel à la « sainteté » des dirigeants

L’un des cris majeurs de ce Synode a été l’appel à la « sainteté » des dirigeants, en particulier catholiques. Edem Kodjo, ancien secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ancien premier ministre du Togo, et professeur de patrologie à l’Institut Saint-Paul de Lomé, était auditeur à ce synode. « Nos gouvernants, trop souvent, ne sont pas à la hauteur, a-t-il confié. L’Église a le devoir d’appeler à plus de justice, plus de solidarité, plus de recherche du bien commun. À plusieurs reprises, j’ai hésité à poursuivre la vie politique : je ne sais pas tuer un adversaire. Chez nous, les chrétiens ne sont pas suffisamment préparés à la politique. » Notamment lorsque celle-ci est traversée par des réseaux occultes en lien avec des sociétés secrètes. Au déjeuner de samedi, qui a rassemblé les pères synodaux autour de Benoît XVI, celui-ci a esquissé le difficile chemin en ligne de crête de l’Église : « Le thème “Réconciliation, justice et paix” implique certainement une forte dimension politique, mais rien n’est possible sans une profonde purification du cœur qui doit résulter de la rencontre avec Dieu. Sans réalisation politique, cette nouveauté de l’Esprit ne peut se réaliser. Pour éviter la politisation, le danger serait de se retirer du monde. Les pasteurs doivent donc donner une parole concrète, mais spirituelle. »

« L’Église catholique, l’un des acteurs majeurs de la lutte contre le sida »

L’épidémie de sida a été prise en compte, en insistant sur une approche globale. Invité comme expert, le jésuite canadien Michael Czerny, directeur du Réseau jésuite africain contre le sida (AjanN) qui rassemble 1 340 jésuites dans 30 pays, est formel : « L’Église catholique est l’un des acteurs majeurs de la lutte contre le sida : à hauteur de plus de 40 % sur le continent, voire 100 % pour les régions les plus reculées. Nous choisissons de ne pas faire de choix : éducation, prévention, soins, soutien spirituel, réconciliation, accès à l’emploi, etc. » Quant au préservatif, il est perçu en Afrique comme « un produit occidental importé, coûteux, inhabituel ». L’islam a également traversé de part en part les travaux. « Nous avons été écoutés sur le caractère positif possible d’une rencontre avec l’islam », se réjouit l’évêque de Laghouat (Algérie), Mgr Claude Rault. Mais l’exigence de réciprocité a également été exprimée avec vigueur, notamment par Mgr John Onaiyekan, archevêque d’Abuja (Nigeria). « Nous nous sommes expliqués sur une relation possible de partenariat ; c’était nouveau », précise Mgr Raul.
Curieusement, des thèmes largement présents au fil des interventions épiscopales ont peu été repris dans le message ou dans les propositions. Ainsi de l’« impérialisme culturel occidental » ou du « débauchage » de nombreux catholiques par des nouvelles Églises indépendantes. Trois questions essentielles – le célibat des prêtres, l’autofinancement des diocèses et l’inculturation de la liturgie – n’ont fait l’objet que d’allusions. Enfin, beaucoup de pères synodaux ont déploré que, parmi les 73 journalistes accrédités au Synode, rares étaient les Africains.





« Les chrétiens d’Irak ont un rôle important à jouer pour construire un avenir de paix », interview de Mgr Stenger

22 09 2009

Du 10 au 17 septembre 2009, Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes, président du mouvement Pax Christi France et membre du Comité international de Pax Christi, s’est rendu en Irak, accompagné d’une délégation internationale du mouvement. Il s’était déjà rendu dans le pays en février 2008 à l’occasion de l’opération Pâques avec les chrétiens d’Irak, au cours de laquelle il avait eu un premier contact avec la communauté chrétienne réfugiée au Kurdistan. Durant son séjour, il a rencontré des communautés à Karamlesh et Karakosh en compagnie de Mgr Casmoussa, archevêque syriaque-catholique de Mossoul, visité la mosquée de Kirkuk et rencontré des leaders religieux en compagnie de Mgr Sako, archevêque chaldéen-catholique de Kirkuk, parcouru, sous la conduite de Monseigneur Rabban Al Qas, évêque d’Erbil et d’Amadiyah, les diocèses du Kurdistan où vivent de nombreux réfugiés.
Dans quel état se trouve la communauté chrétienne ?
J’y étais il y a un an et demi, il y a des changements dans le nord du pays, et en même temps, on assiste toujours à des kidnappings, des enlèvements, des explosions de voiture, et des personnes tuées. Ce ne sont pas des affrontements religieux, mais des affrontements politiques, de pouvoir, d’appropriation des territoires et des ressources. Les chrétiens sont au milieu de ces affrontements, avec quelques autres minorités, comme les yezidi, qui sont une petite religion de source zoroastrienne. Ils ont besoin de sécurité, qui n’existe pas pour le moment, de sécurité économique, de travail et d’écoles pour leurs enfants. Le rêve de beaucoup est de partir.

Quel message avez-vous donné aux chrétiens d’Irak ?
Un message de solidarité avec un peuple qui est dans une grande souffrance, une souffrance qui ne diminue pas. Ils ne peuvent pas se défendre. Les armes des chrétiens ne sont pas la violence, mais la paix, la réconciliation, l’amour, la tolérance. Nous leur avons dit que nous étions solidaires du combat qu’ils mènent pour créer la réconciliation. Beaucoup de chrétiens s’en vont, vers la Syrie, la Jordanie, les Etats-Unis, l’Allemagne, la France dans une moindre mesure. Certains cherchent à s’abriter derrière des forces politiques. D’autres s’investissent dans un travail de dialogue et de réconciliation. Si les religions parviennent à se concerter et à s’entendre, c’est un atout pour la paix. Il y a quelques tentatives, comme à Kirkuk où l’archevêque est promoteur de dialogue avec l’Islam de façon très claire et reconnue. La même chose du côté d’Erbil où Monseigneur Rabban travaille à favoriser cette tolérance mutuelle. Les chrétiens doivent pouvoir rester afin de jouer ce rôle de pont entre les religions et les cultures.

Que s’est-il passé depuis votre précédent séjour en février 2008 ?

J’ai constaté que le Kurdistan s’est beaucoup développé économiquement, et il y a une réelle recherche de coexistence entre les confessions dans cette région. Ailleurs, certains aspirent à ce que les chrétiens puissent vivre entre eux pour assurer leur tranquillité, à ce que dans les zones chrétiennes il n’y ait pas de musulmans. Les chrétiens ont besoin de sécurité pour bien vivre. Avec une forte présence de l’Islam, ils ne seront pas en sécurité. Ce qui a changé aussi, c’est que malgré tout, des personnes sont revenues, car les infrastructures politiques paraissent un peu plus sûres, même si ce n’est qu’une apparence. Le gouvernement reste très faible. La veille du jour où nous nous sommes rendus à Qaraqosh, un village musulman a été ravagé par des explosions. Officiellement, personne ne sait qui a commis ces crimes. On reste dans un climat d’insécurité. L’Eglise en Irak insiste fortement pour que les chrétiens restent dans leur pays, car ils ont un rôle important à jouer pour construire un avenir de paix. Ils peuvent être des acteurs de réconciliation et de dialogue entre les religions et entre les hommes. Les évêques disent clairement que c’est rendre mauvais service aux chrétiens que de favoriser leur départ. Si les chrétiens s’en vont, ce pays n’a plus d’avenir, il deviendra une poudrière permanente, un champ clos de violence. La faiblesse et la force des chrétiens est qu’ils n’ont pas d’armes pour se défendre.

Comment faire pour que les chrétiens restent en Irak ?
Pour nous un des défis à relever est de découvrir ce que nous pouvons faire en tant que Pax Christi. Nous pouvons leur permettre d’avoir des ressources pour vivre, pas seulement matériellement, mais pour que leur vie ait un sens. La vie de beaucoup de ces réfugiés n’a pas de sens, ils n’ont aucune perspective. Si nous voulons les aider à avoir un avenir, il faut par exemple favoriser la création de micro-entreprises. Ils ont aussi besoin de solidarité, de savoir que nous sommes à leurs côtés et que nous ne les oublions pas. Pax Christi France a lancé une opération de jumelage entre les communautés d’ici et les communautés là-bas. Les premières réalisations commencent à se faire jour. Nous avons passé l’avant dernière soirée avec un groupe de jeunes étudiants de la paroisse de la cathédrale chaldéenne d’Erbil. Ils nous ont beaucoup parlé de leur jumelage avec la paroisse Notre-Dame du Rosaire de Saint-Maur des Fossés. Ils rêvent de liberté, de pouvoir aller ailleurs que là où ils sont, de connaître d’autres personnes. Ce contact est une occasion de vivre un peu plus de liberté. Ils m’ont beaucoup parlé de la visite de trois jeunes de Pax Christi France au moment des JMJ en 2008. Pax Christi peut également leur faire partager son expérience et sa ‘compétence’ en matière de dialogue et d’élaboration d’une culture non violente.

Où en est la campagne Pâques avec les chrétiens d’Irak ?
Les jumelages sont une des suites de cette campagne. Des communautés continuent à prier, nous recevons des messages à ce sujet. Un groupe pilote des projets de solidarité : nous avons créé un groupe d’organismes humanitaires, composés du Secours catholique, du CCFD, de l’Œuvre d’Orient, l’Aide à l’église en détresse, Pax Christi et nous avons sélectionné quelques projets symboliques pour offrir du travail et de l’éducation. Enfin, nous sommes en train de créer un Observatoire sur la situation des minorités religieuses dans le bassin méditerranéen, qui inclura tous les pays où la situation des chrétiens est difficile, avec un réseau d’observateurs autour de la Méditerranée.

Comment développer ces relations entre l’Eglise d’Occident et les Eglises d’Orient ?

Ces relations peuvent se faire à deux niveaux : les petites communautés qui établissent des relations fraternelles entre divers groupe et constituent des initiatives de rencontres. A un deuxième niveau, les Eglises doivent s’impliquer. Pax Christi va lancer un appel aux conférences épiscopales pour que des délégations d’évêques se rendent en Irak.

Quel message souhaiteriez-vous donner aux chrétiens de France ?

Nous avons découvert il y a un an que nos frères sont en souffrance et qu’ils ont besoin de prière et de solidarité. Nous ne devons pas les oublier. C’est très important pour eux que nous soyons revenus, c’est le signe que nous continuons à penser à eux et à être proche d’eux. L’enjeu pour eux est de vivre et de construire sur place, pour permettre la réconciliation dans leur pays. En le faisant, ils nous donnent un témoignage, car nous avons tous une mission de paix : ‘Heureux les artisans de paix’ (Math 5,9). En les soutenant là-bas, nous sommes des artisans de paix. Et posons-nous la question : qu’avons-nous à faire ici pour la paix, notamment dans le dialogue avec les autres religions ? J’ai rencontré en Irak des personnes prêtes au dialogue, elles sont un témoignage pour nous aussi, dans ce dialogue entre les religions, qui est une forme importante de dialogue entre les hommes.





Discours du cardinal André Vingt-Trois pour la clôture de l’année Saint Paul au Liban, 28 juin 2009

1 07 2009
Le Pape Benoît XVI a nommé sept cardinaux « Envoyés Spéciaux du Saint-Père », pour présider les cérémonies de clôture de l’année Saint Paul dans les endroits où l’apôtre Paul est passé, et a annoncé la bonne nouvelle du Christ, en Terre-Sainte, à Malte, à Chypre, en Turquie, en Grèce, en Syrie et au Liban où s’est rendu le cardinal André Vingt-Trois qui , à cette occasion, à prononcé un  le dimanche 28 Juin 2009. Dans la primitive Eglise, membre de la chargé de l’annonce de l’Evangile. Les cardinaux sont les premiers collaborateurs du pape. Je suis heureux d’être ici ce soir, dans cette belle Basilique, pour célébrer avec vous la clôture de l’année de Saint Paul au Liban. Nous sommes au terme d’une année consacrée, à travers des activités et des célébrations de l’Église, à la redécouverte de la personnalité de Paul et à l’approfondissement de son message. Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, en me chargeant d’être son Envoyé Spécial pour cette occasion, m’a demandé de vous saluer en son nom et de vous redire combien Il est proche de vous tous, les Libanais. Il m’a demandé en particulier de m’adresser aux chrétiens en exhortant pasteurs, prêtres, religieux, religieuses et laïcs à cultiver leur foi dans leur vie de chaque jour et à chercher toujours une union spirituelle plus profonde.  Ma présence parmi vous, en cette occasion même, comporte un cachet particulier. Par l’imagination en effet, mon esprit remonte dans l’histoire vers ce de la rencontre entre Paul et la communauté de Tyr, au cours de son voyage vers Jérusalem. Il a été accueilli chaleureusement par les membres de la communauté chrétienne, comme en témoigne le livre des Actes des apôtres (21, 1-7). Durant sept jours il a béni la terre du Liban, en proclamant la Bonne Nouvelle, en priant avec ses frères et en les édifiant dans la foi. Un séjour court, mais si important, qui devait laisser pour toujours ses traces dans la communauté chrétienne de cette terre, appelée à garder son zèle et accueillir avec ferveur la Parole de Dieu et à lui rendre témoignage. Dans la primitive Eglise, membre de la communauté chargé de l’annonce de l’Evangile. Personne qui n’appartient pas au clergé. Appellation donnée aux évêques, aux prêtres en raison de la mission pastorale qui leur est confiée. Chrétien qui a reçu le  de l’Ordre. Etat de ceux qui vivent dans l’amitié de Dieu. D’après la tradition, St Paul visita aussi Tabarja, Jbeil et Batroun; et, d’après un Père de l’Église, il visita même Tripoli. Tout au long de ces deux mille ans, les habitants du littoral libanais ont su gardé précieusement les empreintes précises du passage de St Paul. L’horizon de la mer continue à ouvrir leurs yeux et leurs consciences à l’œuvre missionnaire gigantesque que Paul a réalisée en traversant les eaux de la Méditerranée. Et l’appel que Notre Seigneur a adressé à Pierre : « Avance en eau profonde » (Lc 5, 4) garde son importance et se renouvelle jour après jour pour rappeler la vocation à demeurer dans la foi et l’amour de Dieu et du prochain. A l’image de St Paul, les chrétiens du Liban sont invités à demeurer fermes dans leur attachement à leur foi malgré les difficultés qu’ils recontrent. Comment pourrait-on dire que la foi est authentique si les chrétiens ne savent pas affronter les difficultés de leur vie ? A vrai dire, les difficultés ne sont pas rares dans cette partie du monde où vous vivez. Comment serez-vous capables de recevoir la paix du Christ ressuscité si vous vous laissez prendre par la peur du futur ? Comment pourriez-vous craindre de vous égarer si vous prenez pour guide la Vérité du Christ-Dieu qui ne peut ni se tromper ni vous tromper ? « Quiconque écoute mes paroles, dit le Seigneur, et les met en pratique, ressemble à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc ». (Mt 7, 24) Votre histoire, chers frères et sœurs, témoigne de votre foi enthousiaste et de votre esprit religieux enracinés dans une tradition profonde et riche qui trouve ses origines dans les paroles de l’apôtre : « Oui, j’en ai l’assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur. » (Rm 8, 38-39). Dans la primitive Eglise, membre de la communauté chargé de l’annonce de l’Evangile.  Comme St Paul, vous les chrétiens du Liban, vous êtes invités à témoigner courageusement de votre foi dans vos milieux de vie, en dépit de leur complexité. Dans lepcontexte libanais luraliste et multiculturel, vous les chrétiens, loin de toute peur et de toute hésitation, vous êtes appelés à être fidèles à vos traditions religieuses. Vous devez considérer le témoignage chrétien comme une obligation à laquelle vous ne pouvez vous soustraire. Tout chrétien est tenu de partager avec ses frères les trésors qu’il a reçus au baptême, en ayant le souci permanent de son prochain. Par l’exemple de sa vie et la lumière qui l’a illuminé sur la route de Damas, Paul est devenu le modèle de tout apôtre soucieux de la vérité de Dieu et du salut de l’homme. L’Église du Liban, au milieu du monde arabe et moyen-oriental, porte ce trésor apostolique et doit y trouver la raison ultime de sa vocation et de sa tâche pastorale. Vous, les chrétiens du Liban, vous êtes appelés à œuvrer surtout pour que le dynamisme œcuménique, bien visible dans cette vénérable assemblée qui regroupe ce soir toutes les Eglises présentes au Liban, aboutisse à l’unité de tous ceux qui portent le nom du Christ. Ensemble, vous êtes invités à prendre conscience de la nécessité, toujours urgente, de témoigner de votre foi qui est une fierté et une richesse pour laquelle il faut être prêt à sacrifier tout le reste. Vous mettrez tout en œuvre pour la préserver contre les dangers qui la guettent. Loin de tout ce qui divise et sépare, vous ferez tout, dans un esprit fraternel et dans l’appartenance commune au Christ, pour construire une Église sainte et Une et édifier ses fidèles dans l’amour et la justice. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez en mon amour » (Jn 15, 9) « Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un » (Jn 17, 20-21). Voilà ce qui demeure, pour tous les temps et toutes les générations. Voilà la finalité que toute Église est appelée à rejoindre dans son cheminement vers la plénitude du Royaume de Dieu. St Paul s’est fait « tout à tous ». Il appelle les fidèles de ce pays à faire de même, en renforçant les relations avec les non-chrétiens, en particulier la convivialité islamo-chrétienne. Dans sa compréhension profonde du message salvifique, Paul s’est libéré de tout obstacle qui pourrait aggraver la division entre les hommes. Il a bien compris qu’avec le Christ, « il n’y a ni juif ni grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus » (Gal 3, 28). C’est un signe de la vocation apostolique rattachée à l’identité nouvelle de tout baptisé et exprimée dans ses comportements de digne enfant de Dieu. La communauté libanaise islamo-chrétienne reste le milieu vital dans lequel la fidélité au Christ doit être vécue et annoncée. Vous, les chrétiens de ce pays, vous êtes chargés de cette annonce fondée principalement sur la vérité de l’homme, image et ressemblance de Dieu. Vous devez vous efforcer d’être à la hauteur d’une telle tâche, en offrant à l’humanité toute entière, un modèle de convivialité dont elle a tant besoin, surtout dans la période actuelle de son histoire. Dans la primitive Eglise, membre de la communauté chargé de l’annonce de l’Evangile. Fait entrer le nouveau baptisé dans la communauté de l’Église. Bienveillance de Dieu pour les hommes. Par la visite de Jésus, de Marie et des 12 apôtres, puis par celle de St Paul, par le grand nombre de saints et de saintes, par le sang de myriades de martyrs,par la sainteté des anciens, le Liban est en vérité une terre sainte. Il le sera toujours si vous, les chrétiens du Liban, en répondant à l’appel du Seigneur, vous saurez entreprendre cette tâche féconde. Le témoignage des saints et des saintes libanais vous permettra de vous mettre à la suite de Jésus, dans le renoncement à la haine et à l’orgueil, œuvres du démon, et dans la recherche de la sagesse divine et de l’humilité. Saint Paul nous dit que le Christ est le seul devant qui tout genou doit fléchir sur terre, dans le ciel et dans les enfers (Phil 2, 9-10) Devant sa grandeur nous devons proclamer notre petitesse, apprécier la dignité de Lui appartenir et ne pas cesser de L’aimer jusqu’au bout. Par l’intercession de St Paul, je prie Dieu avec vous afin que l’Église du Liban garde la force de la foi, persévère dans l’Espérance et demeure dans l’amour du Père. Ainsi saura-t-elle témoigner du bonheur véritable et de la « gloire de sa grâce, dont Il nous a gratifiés dans le Bien-aimé » (Eph 1, 6).




Les catholiques français ont redécouvert saint Paul

26 06 2009

Benoît XVI doit clore dimanche 28 juin l’année paulinienne. En France, ce jubilé, célébrant le bimillénaire de la naissance de « l’Apôtre des nations », a été marqué par une multitude d’initiatives..

Peu médiatisée hors de l’Église, l’Année Saint-Paul, que Benoît XVI doit clore ce dimanche 28 juin à la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, a pourtant été un véritable succès. En France, diocèses et communautés se sont mobilisés à travers une multitude de groupes, d’expositions ou de rencontres. L’occasion, comme l’avait souhaité le pape, de redécouvrir cette figure majeure du christianisme, méconnue, voire mal-aimée.  « Les chrétiens ne connaissent pas assez Paul, reconnaît le P. Jean Rouet, vicaire général du diocèse de Bordeaux. Souvent, sa parole, qui est tranchante, leur paraît redoutable, mais la lecture d’une épître a été pour eux un moyen de découvrir cet apôtre, qui est un fondateur de notre foi. » Dans ce diocèse, les nombreuses conférences organisées avec des prêtres et des historiens ont ainsi permis de mieux appréhender l’Apôtre des nations. Autre exemple de ce succès dans le diocèse de Bayonne, où le livret L’Apôtre Saint Paul, un missionnaire pour notre temps, vendu 5 € et tiré à 2 500 exemplaires, s’est « arraché » en quelques semaines. « Nous avons réussi à mettre en place près de 300 groupes de lectures de 8 à 10 personnes », se réjouit le P. Jean-Jacques Dufau, vicaire épiscopal de l’agglomération paloise.

L’Année Saint-Paul a eu pour effet de donner aux gens envie de lire en public

« En fait, l’Année Saint-Paul a eu pour effet de donner aux gens envie de lire en public », s’enthousiasme Jean-François Alix, délégué diocésain à la communication du diocèse d’Aire et Dax, pour qui l’Année Saint-Paul a mobilisé même en dehors de l’Église. « Les fidèles ont invité leurs voisins et cela a très bien marché », souligne-t-il. Cette année, les groupes de lecture devraient d’ailleurs se transformer en groupes bibliques plus pérennes. Même élan à Marseille, où près de 500 personnes se sont réunies en une soixantaine de groupes paroissiaux pour étudier les huit épîtres de saint Paul, rassemblées en livrets sous forme de fiches pédagogiques. Un bilan « très positif » aux yeux d’Anne-Marie Lambert, membre de l’équipe d’animation : « Aller ensemble au fond des choses a fait tomber des idées préconçues sur la difficulté supposée des textes », explique-t-elle. Et si, dans les Alpes-Maritimes, pour cause de synode diocésain, l’Année Saint-Paul s’est limitée à deux conférences du cardinal Albert Vanhoye sur le thème « Vous êtes le corps du Christ », ce sont 500 personnes qui y ont assisté à Cannes et à Nice. La richesse de la figure de Paul aura aussi permis de mobiliser dans les « petits » diocèses. Ainsi, dans les Hautes-Alpes, où une centaine de paroissiens ont participé aux sept réunions mensuelles organisées dans les doyennés de paroissiens Gap, du Buëch et de Chorges. « Beaucoup ont découvert le parcours de vie de Paul qu’ils percevaient comme un être doctrinal », raconte le P. Pierre Fournier, responsable de la formation, qui approfondira, à la demande des paroissiens, la parole paulinienne dès septembre, à travers des réunions mensuelles thématiques (l’Église, l’Alliance avec Dieu, l’Esprit Saint, etc.)

Des lettres « à la manière de Saint Paul »

À Rennes aussi, l’Année Saint-Paul a été émaillée de nombreuses manifestations dans les paroisses. Ainsi, le 25 janvier, fête de la Conversion de Paul, les paroisses du diocèse ont rédigé « à la manière de saint Paul » des lettres envoyées à leurs paroisses jumelles, façon, comme l’explique Mgr Nicolas Souchu, évêque auxiliaire de Rennes, de se confronter à « la force des écrits de saint Paul ». L’Apôtre a aussi été au centre de rencontres et de pèlerinages, comme celui de La Peinière, qui rassemblait des milliers de personnes en septembre, et où un grand jeu permettait de mettre ses pas, en famille, dans ceux de saint Paul.  Ou encore lors du rendez-vous annuel des collégiens du diocèse, organisé en mai à Saint-Cast, et pour lequel Paul a été le témoin qui les a aidés à découvrir davantage le Christ et à approfondir la dimension trinitaire de la foi. Pour le diocèse, l’Année Saint-Paul ne se terminera d’ailleurs pas ce dimanche, puisque la cathédrale de Saint-Malo ouvre, à la fin du mois, une exposition consacrée à Paul en Méditerranée. À Lille, un grand rassemblement festif doit également clôturer ce dimanche l’Année Saint-Paul. À l’invitation de Mgr Laurent Ulrich, tout le diocèse est convié à Dunkerque pour une journée « balnéaire et festive », qui sera l’occasion de rencontrer des témoins venus parler de leur engagement au sein de l’Église : pastorale des migrants, Fraternité du parvis… De 3 000 à 5 000 personnes sont attendues pour clôturer une année riche en initiatives : groupes de lecture, conférences, concerts, pèlerinage à Rome…  « L’Lille a été surprenant, confie le P. Arnaud Chillon, chargé des rassemblements et pèlerinages dans le diocèse de Lille. Des initiatives ont éclos un peu partout, et on a senti que cette Année Saint-Paul rejoignait les uns et les autres dans leurs attentes et leur souhait d’enraciner leur foi dans le message du Christ. » Malgré l’investissement important qu’ils supposaient autour d’une réflexion l’investissement important sur une dizaine de cahiers spécialement conçus, les groupes Saint-Paul ont ainsi rencontré plus d’écho que les organisateurs ne l’imaginaient. « Beaucoup nous ont dit la joie qu’ils ont d’avoir redécouvert la pertinence du message de saint Paul », se réjouit le P. Arnaud Chillon.