Lampedusa : L’Otan doit aider les migrants fuyant la Libye

5 08 2011

Des traversées de migrants qui se transforment en voyage de la mort. En cette première semaine du mois d’août, deux drames ont eu lieu. Lundi 1er août, les gardes côtes italiens ont découvert dans la cale d’un bateau secouru, les cadavres de 25 hommes venant de Libye. Toujours en provenance de Libye, 2 bateaux avec à leur bord 500 migrants sont arrivés mercredi à Lampedusa et puis, jeudi 4 août se produit la seconde tragédie. Une jeune femme marocaine placée en soin intensif sur l’île sicilienne a raconté sa traversée en Méditerranée. Selon elle, une centaine de migrants, des femmes essentiellement seraient mortes entre la Libye et l’Italie. Les hommes se trouvant sur l’embarcation auraient jeté leur corps à la mer. Le bateau allait à la dérive depuis près d’une semaine et un navire de l’OTAN aurait refusé de leur porter secours comme le leur ont demandé les autorités italiennes. Ce vendredi, le gouvernement italien et de nombreuses ONG, actives en Italie, réclament une mobilisation de la communauté internationale et notamment des navires de l’Otan pour secourir les migrants qui fuient la Libye.





Le Pape invite les chrétiens à rendre le monde plus solidaire

27 04 2011

Les chrétiens doivent transformer le monde suivant la logique de la solidarité. Benoît XVI l’a rappelé ce mercredi à l’audience générale. Le Pape, qui prend quelques jours de repos dans la résidence de Castelgandolfo, après les célébrations pascales et avant la béatification de Jean-Paul II, a fait l’aller-retour en hélicoptère jusqu’à Rome pour présider la rencontre hebdomadaire avec les fidèles. Il avait choisi cette semaine de consacrer sa catéchèse à la fête de Pâques, cœur du mystère chrétien. La célébration de la résurrection nous montre le chemin non seulement pour nous transformer nous-mêmes – a-t-il relevé – mais aussi pour transformer le monde, pour donner à la cité terrestre un visage nouveau qui favorise le développement de l’homme et de la société selon la logique de la solidarité et de la bonté et dans le profond respect de la dignité de chacun. S’adressant à quelque 20.000 personnes massées sur la place Saint-Pierre, Benoît XVI a rappelé que la foi dans le Christ ressuscité doit transformer nos existences. Ce mystère nous devons le vivre dans notre vie quotidienne pour le bien de toute l’humanité. Commentant l’épître aux Colossiens, le Pape a noté qu’on pouvait avoir l’impression que l’apôtre Paul encourage le mépris des réalités terrestres, qu’il invite à oublier ce monde de souffrances, d’injustice, de péché, pour vivre, à l’avance, dans un paradis céleste. Si tel était le cas, la pensée du ciel serait une sorte d’aliénation. Les « choses de la terre à éviter » sont l’immoralité, les passions, les mauvaises pensées, la cupidité, l’idolâtrie… le désir insatiable des biens matériels, l’égoïsme, source de tout péché. Mais saint Paul n’entend nullement inviter les chrétiens à s’évader du monde dans lequel Dieu les a placés. Même si notre vraie patrie est ailleurs, c’est sur cette terre que nous devons parcourir jour après jour le chemin qui nous y mène. Saint Paul rappelle les vertus qui doivent caractériser la vie chrétienne : pardessus tout la charité, qui est la mère de toutes les autres vertus.

Et à la fin de cette audience placée sous le signe de la solidarité, Benoît XVI a évoqué la situation des immigrés clandestins d’Afrique du Nord. Le Pape a remercié la population de Lampedusa, en l’invitant à poursuivre son effort et, sous les applaudissements, il a exhorté les autorités publiques à assurer l’ordre social dans l’intérêt de tous.
« Je salue– a dit le Pape – les fidèles de Lampedusa accompagnés de leur pasteur, Mgr Francesco Montenegro, et je les encourage à poursuivre leur engagement apprécié de solidarité à l’égard des frères migrants qui trouvent dans leur île un premier asile d’accueil ; dans le même temps je souhaite que les institutions compétentes poursuivent l’action indispensable de tutelle de l’ordre social dans l’intérêt de tous les citoyens ».





Lampedusa. Quelle solution ? Les points de vue divergent

4 04 2011

Les jésuites italiens pointent du doigt les accords indignes conclus entre l’Italie et la Libye pour stopper le flux des immigrés. Interrogé par l’agence de presse italienne ADNKRONOS, le père Giovanni La Manna, président du Centre Astalli de Rome, qui dépend du Jesuit Refugee Service, affirme qu’on ne peut pas arrêter les flux migratoires, que les arrivées vont continuer et même s’intensifier avec la belle saison. Depuis que les accords indignes conclus avec la Libye sont devenus caducs, les femmes africaines qui débarquent sur les côtes italiennes racontent les violences subies dans les centres d’accueil et de rétention en Libye. Des femmes venues de Somalie et d’Ethiopie étaient violées systématiquement. A la lumière de ces révélations, le Père La Manna exhorte en particulier les catholiques à exprimer fortement leur indignation face à la gravité de ce qui s’est passé. Il est légitime, selon lui, d’évoquer la question de la répartion du fardeau des immigrés entre les différents pays européens, mais le plus urgent est de sauver des vies, d’accueillir ceux qui arrivent avec des moyens de fortune. C’est un devoir – avertit le directeur du Centre Astalli – ou ces morts vont peser sur nos consciences.
Une prise de position qui intervient alors que le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi s’est rendu à Tunis pour une visite éclair de quelques heures, accompagné de son ministre de l’Intérieur Roberto Maroni, pour tenter de trouver une solution à ce problème. Le ton est monté ces derniers jours entre les deux pays sur la question des départs massifs de clandestins tunisiens vers la petite île italienne de Lampedusa submergée par une vague de plus de 22.000 immigrés.
Pour sa part, le curé de Lampedusa demande que soit éclaircie la question de l’accord qui, selon les autorités italiennes, aurait été signé avec la Tunisie pour bloquer les départs mais dont Tunis dément l’existence. Don Stefano Nastasi dénonce le manque de clarté dans ce dossier explosif. Le plus judicieux, selon lui, serait d’aider les jeunes tunisiens à ne pas être obligés de quitter leur pays, grâce à une réelle coopération internationale. Le curé de Lampedusa se dit par ailleurs favorable à l’attribution d’un statut juridique de protection humanitaire provisoire. La situation est difficile à gérer – reconnait-il – mais on ne peut pas abandonner Lampedusa.
Plus de 200 immigrés sont encore arrivés à Lampedusa dans la nuit du 3 au 4 avril. Plus de 600 immigrés avaient déjà débarqué dans la journée de dimanche, après une pause de quatre jours, tandis que les évacuations se poursuivent à destination d’autres centres d’accueil un peu partout en Italie. L’Italie envisage, entre autres, l’ouverture de centres d’accueil spécifiques près des frontières pour les migrants voulant se rendre en France ou en Allemagne et la délivrance de permis de séjour leur permettant de circuler librement en Europe.
Et pendant que tous se renvoient la balle, les associations Codacons ont adressé une lettre au Pape et à son Secrétaire d’État pour emander au Vatican d’ouvrir les couvents, les abbayes et les monastères pour y héberger les migrants.