La diplomatie vaticane en deuil. Mgr Pietro Sambi est mort

29 07 2011

C’est un coup dur pour l’Église catholique : Mgr Pietro Sambi, est décédé mercredi soir à Baltimore. Il était depuis 2005 nonce apostolique aux Etats-Unis et Observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation des États américains. Il avait occupé auparavant, pendant 7 ans, la charge délicate de nonce en Israël et délégué apostolique à Jérusalem et en Palestine. il avait géré avec compétence des dossiers délicats comme le voyage de Jean-Paul II en Terre Sainte, et le scandale des abus sexuels dans l’Eglise américaine.
Il avait subi une intervention chirurgicale aux poumons puis, ces jours derniers, ses conditions s’étaient aggravées. Originaire du diocèse italien de Rimini, Mgr Sambi était âgé de 73 ans.





VATICAN – La Terre Sainte attend la fraternité de l’Eglise universelle

22 03 2011

« La Terre Sainte attend la fraternité de l’Eglise universelle et désire y répondre en partageant l’expérience de grâce et de douleur qui marque son chemin… Les chrétiens d’Orient expérimentent l’actualité du martyr et souffrent à cause de l’instabilité ou de l’absence de la paix. Le signal le plus préoccupant demeure leur exode inexorable ». C’est ce qu’écrit le Préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales, S.Em. le Cardinal Leonardo Sandri, dans la Lettre qu’il a envoyé aux Pasteurs de l’Eglise universelle pour qu’ils soutiennent la Terre Sainte au travers de la quête annuelle du Vendredi Saint, quête qui remonte à l’âge apostolique.
Le Cardinal souligne que « quelques signes positifs dans un certain nombre de situations ne sont pas suffisants pour inverser la douloureuse tendance de l’émigration chrétienne ». C’est pourquoi il appartient à chacun d’entre nous de s’unir à l’œuvre incessante du Saint-Père visant à encourager les chrétiens de Jérusalem, d’Israël et de Palestine, de Jordanie et des pays orientaux des environs. L’appel en vue de la quête, poursuit la lettre, « s’inscrit dans la cause de la paix dont les frères et sœurs de Terre Sainte veulent être des instruments efficaces entre les mains du Seigneur au profit de tout l’Orient ». En outre, elle « demeure, partout, la voie ordinaire pour promouvoir la vie des chrétiens de Terre Sainte ».
« La Congrégation pour les Eglises Orientales se fait le porte-voix des besoins pastoraux et éducatifs, d’assistance et de charité de leurs Eglises » met en évidence le Cardinal Sandri qui conclut en reprenant l’exhortation du Pape Benoît XVI « à aller au-delà du geste purement matériel. Le rapport doit devenir plus intense pour arriver à une « vraie spiritualité ancrée dans la Terre de Jésus » ».





Des immigrés érythréens victimes de trafiquants d’êtres humains

3 12 2010

Ils implorent une intervention du gouvernement égyptien et de la communauté internationale. 80 immigrés érythréens partis de Libye, dont des femmes et des enfants, sont retenus en otage depuis plus d’un mois dans le désert du Sinaï à la frontière entre l’Egypte et Israël. Ils sont victimes de trafiquants d’êtres humains. L’ONG Everyone, en contact avec ces migrants, demande une intervention de l’ONU et de l’Union Européenne, l’organisation humanitaire estime en effet qu’une telle situation est la conséquence de l’imperméabilisation des frontières européennes.





Dossier : Les Chrétiens de langue hébraïque, une réalité méconnue

18 10 2010

En Israël, 50 000 chrétiens pratiquants en provenance de l’ex-Union soviétique ont immigré ces vingt dernières années et plusieurs milliers de chrétiens font partie des 250 000 travailleurs immigrés venant des Philippines, d’Amérique Latine ou d’Afrique subsaharienne. Sans compter les chrétiens qui vivent dans les territoires palestiniens et subissent les conséquences du conflit dans la région. Le père jésuite David Neuhaus, vicaire patriarcal des latins pour les catholiques de langue hébraïque en Israël nous parle de sa communauté.





« Aider les militaires à concourir à la paix », interview de Mgr Ravel

25 11 2009
Comment appréhendez-vous votre nouvelle fonction et vos nouvelles responsabilités ?
Avec beaucoup de calme mêlé de beaucoup de surprise. J’éprouve deux sentiments mêlés : un sentiment de petitesse devant l’immense tâche qui m’attend, je vais être successeur des apôtres et en même temps, j’ai beaucoup d’enthousiasme.

Connaissez-vous le ministère de la Défense ?

En tant que tel, non. C’est un ministère très complexe, qui comprend presque un quart de civils et toutes ces structures m’échappent. Je connais davantage l’armée que le ministère de la Défense et l’armée par son côté tactique et opérationnel que par les méandres complexes des états-majors. Je vais devoir établir un lien avec les autorités du Ministère de la défense.

Quels sont les axes pastoraux que vous souhaiteriez mettre en place, les thèmes que vous voudriez développer au cours de votre charge ?

Je dois dans un premier temps apprendre ce ministère d’aumônier en milieu militaire et rencontrer les aumôniers, qu’ils soient prêtres, diacres, laïcs, et femmes et leur montrer ma fraternité. Un évêque n’est rien sans ses aumôniers. S’il s’isole, il peut devenir un saint mais pas un pasteur. Cette conviction me vient de la spécificité de ce diocèse, qui est différent des deux diocèses concordataires de l’Alsace-Lorraine. Nous sommes au cœur d’une laïcité ouverte et positive, puisque nous sommes Eglise reconnue comme culte catholique par le ministère de la Défense, intégrée dans sa structure et non pas sous la forme d’un concordat. J’ai la conviction que nous, aumôneries militaires – catholique, protestante, israélite, musulmane – avons à prouver à tous nos concitoyens qu’une laïcité ouverte, positive, avec un apport réciproque entre le monde civil et l’Eglise est possible. Nous avons à recevoir beaucoup de ceux que nous avons à porter vers le Seigneur. Les chefs militaires, qu’ils soient excellents ou médiocres, ont une densité humaine qu’on trouve plus rarement dans le civil. Réciproquement, nous Eglise, au cœur même d’une pâte humaine, avons à prendre ces hommes et ces femmes pour qu’au sein de ce métier très particulier, nous les aidions à concourir au bien suprême de l’Evangile qui est la paix. La chance de ce diocèse est d’être au service d’une armée, elle-même au service d’une nation démocratique. Elle n’a pas de finalité hégémonique, totalitaire ou arbitraire. Elle est là pour assurer la sécurité du territoire et la sécurité et la paix à l’international.

Sur quelles expériences marquantes allez-vous vous appuyer pour accomplir votre charge ?

Deux expériences m’ont construit : l’expérience de Dieu faite lors de mon service militaire, au cours duquel j’ai vécu ma reconversion d’adulte et retrouvé la foi personnelle. Ce fut une rencontre de Dieu dans la prière. Que ce soit sur une montagne ou un champ de bataille, ce peut être une occasion profonde de rencontrer ou faire rencontrer Dieu. Cette mission épiscopale doit être un lieu de conversion pour moi.
C’est aussi l’expérience de la rencontre de personnes. J’essaierai de la vivre au sein du diocèse des armées et de la partager avec d’autres.

Quel message spirituel souhaitez-vous faire passer aux militaires en ces temps de guerre en Afghanistan ?
Ce message que l’aumônier de Coëtquidan avait dit pendant mon service militaire : ‘Jésus n’a pas trouvé de plus belle foi en Israël que celle du centurion’ (cf. Mt 8, 5-13). C’est l’occasion pour les personnes qui ont du mal à se situer vis-à-vis de l’armée ou de la police de se remettre en question en ne confondant pas l’Evangile avec une recherche de la paix béate et inconsciente.





« Les guerres de l’eau seront des guerres civiles »

29 10 2009

Frédéric Lasserre : Il y a deux types de guerre de l’eau qui circulent dans la littérature, que j’ai abordés dans mon ouvrage. On parle souvent des guerres de l’eau comme des conflits possibles entre des Etats. Ce type de guerre de l’eau n’est jamais arrivé pour le moment, ou en tout cas très rarement. Ce qui me semble plus vraisemblable au XXIe siècle, ce serait plutôt des conflits, de très fortes tensions entre différentes composantes de la société, donc plutôt des guerres civiles.

Ginger : Que pensez-vous du dernier rapport d’Amnesty International concernant la manière dont Israël gère les ressources en eau en Cisjordanie et à Gaza ? Pensez-vous que ce rapport soit objectif ?
 

Frédéric Lasserre : Oui, je pense que c’est objectif. Ce n’est pas une nouveauté. On sait depuis plusieurs années qu’Israël favorise ses propres usages et les usages des colons juifs dans les territoires occupés, au détriment des usages des Palestiniens. Il est vrai que les agriculteurs israéliens ont souvent investi dans des systèmes d’irrigation performants. Mais il est indiscutable que les Palestiniens ne contrôlent pas leur accès à l’eau, ce qui alimente leur colère.

Babibel : La question du chat, « les guerres de l’eau auront-elles lieu », sous-entend qu’il n’y a pas encore eu de guerre de l’eau… Est-ce vrai ?
 

Frédéric Lasserre : C’est difficile de répondre, dans la mesure où il faudrait faire une analyse détaillée des archives historiques de beaucoup de régions différentes. Il y a très peu de guerres de l’eau entre Etats documentées. Il y en a eu une dans la très haute Antiquité en Mésopotamie, il y en a eu une au XVIIIe siècle en Asie centrale entre deux émirats. Certains analystes soulignent aussi le rôle du conflit sur le Jourdain dans l’éclatement de la guerre des Six Jours en 1967. Mais l’eau n’était pas le principal facteur de conflit. A part ces trois exemples, il n’y a pas eu de guerre entre Etats pour l’eau pour le moment.

Jblecanard : Dans quelle mesure les pays développés européens sont-ils concernés par « les guerres de l’eau » ?

Frédéric Lasserre : Assez faiblement, effectivement. Il y a des mécanismes d’adaptation dans la plupart des pays développés, qui font que la rareté n’est pas une source potentielle de conflit violent. Le risque de conflit civil est beaucoup plus présent dans les pays en développement, où les capacités techniques, sociales, financières à la rareté sont plus rares.

Jo : Pouvez-vous citer quelques régions qui auront une « guerre de l’eau » ?

Frédéric Lasserre : Il est difficile de prédire où des conflits vont éclater. On peut retenir un certain nombre de régions où le risque est élevé : dans le bassin du Nil, par exemple, dans le sous-continent indien, en Asie centrale, en Chine du Nord, dans le nord du Mexique.

Eucharis : Quel est votre point de vue sur les nappes phréatiques en Inde ?

Frédéric Lasserre : Les nappes phréatiques en Inde, comme dans d’autres régions, sont souvent surpompées pour satisfaire à la fois les besoin d’eau potable, mais surtout pour l’irrigation. C’est un bon exemple qui souligne à quel point le problème de l’eau dans le monde est surtout un problème dans l’agriculture. Essayer de prévenir les conflits liés à l’eau, c’est donc souvent se poser la question de la transformation des pratiques agricoles.

Thierry_chapin : Ne pourrait-on pas renflouer la mer d’Aral , les lacs asséchés (type lac Faguibine) et exploiter ainsi de nouvelles terres en favorisant l’agriculture vivrière ?

Frédéric Lasserre : Remettre la mer d’Aral à son niveau d’avant 1960 me paraît une entreprise impossible. Cela voudrait dire cesser pratiquement l’irrigation en Asie centrale. Et à la fois pour des raisons financières, économiques et sociales, aucun gouvernement de la région ne l’acceptera. Ce serait déjà remarquable d’arriver à arrêter le déclin de la mer dans son état actuel. Essayer de réutiliser les superficies qui sont apparues après le retrait de la mer suppose aussi de disposer d’assez d’eau pour irriguer ces régions, et de nettoyer le sol, qui est incrusté de sel.

Thierry_chapin : Les eaux fossiles en Libye appartiennent-elles vraiment seulement à la Libye ou les nappes traversent-elles les frontières ?

Frédéric Lasserre : Certains aquifères dans le sud de la Libye sont uniquement en territoire libyen mais d’autres sont aussi sur le territoire du Tchad, de l’Egypte et du nord du Soudan. L’exploitation rapide de ces aquifères par la Libye suscite déjà le mécontentement du voisin égyptien.

Pedro : Comment les Etats peuvent agir face à la géopolitique de l’eau qui est un problème global et qui ne relève donc pas de la souveraineté nationale ?

Frédéric Lasserre : Je ne pense pas que la géopolitique de l’eau soit un problème qui ne touche pas à la souveraineté des Etats. On ne pourra pas faire admettre aux Etats qu’ils n’ont plus du tout de souveraineté sur l’eau. Il vaut mieux les amener à négocier des accords de partage des eaux transfrontalières, et à coopérer pour optimiser les usages de l’eau. Plutôt que d’essayer de leur faire admettre une perte totale de souveraineté sur la ressource.






300 jeunes à Berlin pour faire tomber les murs d’hier et d’aujourd’hui

28 10 2009

notiziaEn cette année anniversaire, organiser ce rassemblement de 300 jeunes européens (dont un tiers de Français) à la Jerusalemkirche, l’église de Jérusalem, au centre de Berlin, tout près de l’ancienne frontière Est-Ouest, est rien moins que symbolique. « C’est là que des peuples séparés ont pu se retrouver, ouvrant ainsi un chemin de rencontres, de futur. Ce rassemblement intitulé ‘Over the walls’ (« Par delà les murs ») est une manière d’inviter les jeunes à regarder ces murs de l’histoire, murs de Berlin mais aussi murs d’Israël et du Mexique, en mesurant les effets qu’ils ont sur la vie des hommes, les empêchant de vivre pleinement », commente Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes et président de Pax Christi France.

Des richesses des deux côtés

Une large place sera bien sûr laissée à la mémoire du passé avec une balade sur les traces du mur et une conférence-débat sur l’Europe au temps du rideau de fer. Avec des personnes de l’Europe de l’Est, Noël Choux, prêtre-journaliste apportera son témoignage singulier. A l’époque de la guerre froide, il a eu l’occasion de participer à des rencontres entre prêtres-travailleurs des deux côtés du rideau de fer, nouant de solides amitiés à l’Est, notamment avec Mgr Vlk qui fut laveur de carreaux avant de devenir archevêque de Prague et responsable des médias catholiques. Actuellement producteur délégué de l’émission « Le Jour du Seigneur », Noël Choux se réjouit de l’initiative de ce rassemblement de Berlin. «Vingt ans, commente-t-il, c’est à la fois long et court. On n’a pas encore mesuré les richesses qui étaient accumulées de chaque côté du mur. C’est important d’en rendre compte auprès de jeunes à peine nés à la chute du mur ».

Le Christ a fait tomber les murs de la haine

Mais ce qui est surtout en jeu, c’est de comprendre le monde et d’éviter la construction de nouveaux murs (pays divisés, clivages sociaux, fracture Nord-Sud, absence de dialogue entre religions). Ou au moins permettre que la solidarité les franchisse. Ainsi, pour la deuxième conférence-débat « Un autre mur aujourd’hui… celui du Moyen-Orient », Anne-Cécile Duponcheel, de la Mission de France Jeunes, apportera son point de vue. Anne-Cécile est présidente de l’association « Fosses-Bil’in », sa commune du Val d’Oise, Fosse, étant partenaire d’un village palestinien Bil’in, dont les terres agricoles se situent de l’autre côté du mur séparant Israël des territoires palestiniens. Passionnée d’histoire, elle n’a vraiment découvert profondément bouleversésde l’Est qu’en recevant des Polonais lors d’une rencontre de la communauté de Taizé. En juillet 2008, elle a été très marquée par son séjour à Bil’in, à la fois par la violence psychologique ressentie et par la résistance pacifique du village. Comme eux, Anne-Cécile croit en la non-violence pour faire bouger les choses. Evoquant les étudiants revenus profondément bouleversés de leur pèlerinage en Terre sainte en juillet dernier, Mgr Stenger rappelle que « la vraie paix n’est pas seulement de mettre fin aux situations de violence mais de pouvoir vivre en harmonie. Commentant ce mur édifié pour séparer Israël de la Palestine, Jean-Paul II nous avait donné une réponse : il vaut mieux construire des ponts. Le mur sépare, isole et entretient les peurs, les préjugés, empêche la liberté de l’homme, son accomplissement. C’est d’ailleurs frappant que dans l’Epître de Saint Paul aux Ephésiens (2, 14), il soit associé à la haine (« C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, Israël et les païens, il a fait un seul peuple ; par sa chair crucifiée, il a fait tomber ce qui les séparait, le mur de la haine ») Je pense que ces jeunes vont être des apôtres de la destruction des murs. Cette rencontre les aidera à comprendre les murs qu’on a tous dans notre vie et à passer au-delà ».

Une rencontre à dimension spirituelle

D’autres invités porteront ce message d’espérance : un jésuite berlinois initiateur de rencontres spirituelles interreligieuses, un bénévole à Calais auprès des migrants, des jeunes libanais…
Prière et célébration œcuméniques, temps festifs, ateliers créatifs, carrefours et temps libres avec les familles d’accueil, sont également au programme de ces trois jours placés sous le parrainage de Jacques Delors et Vaclav Havel et financés en partie par l’Union européenne.   « Mémoire, Histoire, Actualité… A chacun, chacune, de les faire jouer entre elles, pour que jaillissent en eux les forces spirituelles qui peuvent changer le monde », propose Patrick Salaün, de la Mission de France, pour le collectif de mouvements organisateurs. Pour Mgr Stenger, « même si on n’est pas chrétien, le mur a la même signification à partir du moment où on a une certaine conception de l’homme. La perspective fondamentale, c’est d’aller à la rencontre de l’autre. Cette fraternité est la seule bonne manière de s’accomplir en tant qu’homme ».